A l’occasion du bilan 2024 des ventes de produits en céramique italienne, dont celles – en baisse – des appareils sanitaires, Confindustria Ceramica a alerté sur les problèmes rencontrés par les industriels du secteur et l’urgence d’intervenir sur le coût de l’énergie et le système d’échange de quotas d’émission de CO2, que le syndicat qualifie de « lourde taxe sur la production ».
En 2024, l’industrie italienne de la céramique – qui réunit 248 entreprises et plus de 26 000 employés directs produisant du carrelage, de la céramique sanitaire, des matériaux réfractaires, des briques et de la vaisselle – a réalisé un chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros, quasi stable par rapport à l’année précédente, très en recul.
Concernant la seule céramique sanitaire, l’Italie comptait 31 entreprises industrielles en 2024 (dont 28 situées dans la région de Civita Castellana, province de Viterbe), qui salariaient environ 2 700 personnes. Durant cette même année, 3,2 millions de pièces ont été produites et 3,4 ont été vendues, générant un chiffre d’affaires de 414 millions d’euros, dont environ 165 millions, soit 40 % du total, ont été réalisés à l’international (notamment en France qui, selon Douane Française, a importé pour 13,5 millions d’euros de pièces italiennes). La baisse des ventes par rapport à 2023, dont les chiffres ont été réactualisés, s’élève à -4,8 % en volume et à -2,9 % en valeur.
Mais ce qui inquiète le plus l’association, c’est que les investissements industriels, mesurés à 382 millions d’euros – soit 6,3 % du chiffre d’affaires du secteur –, ont chuté de -19,4 %. Selon Augusto Ciarrocchi, président de Confindustria Ceramica, c’est en grande partie dû à l’incertitude réglementaire, à la hausse structurelle des coûts de l’énergie et au système des ETS (titres financiers émis par l’UE afin de compenser les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie), qui comprime les marges des entreprises. Selon lui, « l’industrie de la céramique italienne a atteint les niveaux d’émission les plus bas au monde et aucun nouveau bond technologique n’est envisageable aujourd’hui. » Les ETS et leur mécanisme d’application constituent une lourde « taxe sur la production », qui est passée de 10 euros par tonne de CO2 émis en 2018 à 75 euros actuellement, soit 120 millions annuels pour la branche. C’est pourquoi la profession demande son inclusion « parmi les secteurs éligibles à la compensation des coûts indirects » et la suspension de « la réduction des quotas gratuits prévue pour 2026, en attendant de disposer d’une véritable alternative technologique. »
D’autres demandes sont formulées par le syndicat concernant le prix du gaz et le commerce international, notamment la nécessité de parvenir à un accord entre les USA et l’UE sur les droits de douane. L’industrie céramique italienne a déjà des usines outre-Atlantique, qui contribuent à un tiers de la production américaine. Autre sujet d’inquiétude : les importations de céramique indienne en Europe, qui ont augmenté de +67 % en 2023, sont restées plutôt stables en 2024, mais ont recommencé à croître au premier trimestre 2025, de +10 %, « avec des produits qui intègrent des aides d’État et un dumping économique, environnemental et social. » Confindustria Ceramica considère qu’il est urgent d’intervenir et que les discussions sur la création d’une zone de libre-échange UE-Inde doivent exclure la céramique « jusqu’à ce que les problèmes soient résolus. » Il est également nécessaire, selon lui, d’établir en Europe une législation sur l’appellation d’origine des produits, afin d’informer et de sensibiliser le consommateur.