Poursuivons notre parcours sur la Route 40 du Cersaie avec le millésime 1993-2002 des produits iconiques mis à l’honneur par le salon. Formes renflées ou amincies à l’extrême, ces balises temporelles font en filigrane le récit des incessantes évolutions stylistiques et techniques de la salle de bains, territoire d’expression des plus grands designers…
1993-2002 : à peu de choses près, la deuxième des quatre décennies contant l’histoire du design au Cersaie s’ouvre et se referme sur deux collections auréolées de succès, lequel perdure – chose rare – depuis. Garantes d’indéniables savoir-faire, celles-ci comptent parmi les icônes immédiatement identifiables de la salle de bains. Entre ces deux solides jalons, moult créations méritent aussi notre attention.
1993 : Manovella (Fantini), Sol levant (Zehnder), Key Point (Bardelli) et Base (Moab)

Point de référence au passé chez Zehnder, mais un motif graphique qui symbolise la chaleur rayonnant dans la salle de bains : à faible distance du mur, une tubulure chauffante en serpentin transforme le sèche-serviettes en un Sol(eil) levant.
La gamme Key Point de Bardelli fait la jonction entre l’univers du revêtement et celui de la salle de bains. Au centre des carreaux de faïence, des éléments chromés prennent position, rehaussant le décor. Au-delà de l’esthétique, ils offrent la possibilité de greffer (sans l’angoisse de mal percer le carrelage) une gamme d’accessoires (design Guido Berger, Annette Stahl).
Sur un opulent pied de bois figurant une pyramide inversée, Moab 80 installe une vasque dont l’extérieur présente un relief en gradins. Ce motif architectural contribue à théâtraliser le point d’eau qui, signé Daniele Bedini, peut être associé à un miroir toute hauteur ou une vaste armoire, à placer en arrière-plan.
1994 : Lei (Globo), Ritz et Gabbiano d’Agape, Starck-1 de Duravit, Copernico de Fantini

Agape s’illustre avec deux produits. Si Ritz (design Gianpaolo Benedini) prend le nom d’un palace, c’est pour mieux équiper les hôtels, mais pas que. Distribuant du savon liquide, son flacon en porcelaine se rive au mur via un socle vertical en acier qui lui permet de tourner sur lui-même : une solution multidirectionnelle associant style et fonctionnalité dans la salle de bains, publique ou privée. Gabbiano (mouette, en italien), autre création Agape, est une cuve en bois thermoformé, souple comme une aile d’oiseau, la retenue de l’eau étant assurée en façade par une vitre transparente : un barrage plein de fantaisie (design Giuseppe Pasquali).
Marquant les débuts de la collaboration de Philippe Stark avec Duravit, la collection Stark 1 étonne lors de son lancement, en particulier son emblématique point d’eau en « tonneau ». Derrière son look minimaliste se « cache » un hommage à des objets familiers : le seau, la bassine et le baquet qui accompagnaient autrefois la toilette. La baignoire (déjà) îlot est cerclée d’une tubulure métallique et alimentée par une robinetterie assortie, dont le débit joue l’économie sans renoncer au confort d’usage, dotée d’un joystick en « plumet », caractéristique.
Portant le nom de l’astronome qui défendit la théorie révolutionnaire de l’héliocentrisme, la série Copernico de Fantini (design Perry King et Santiago Miranda) place la robinetterie sous le signe du design : un anneau, surplombant le bec tel un satellite, sert de levier de commande.
1995 : X-Elle (Ideal Standard), J-Sha Mi (Jacuzzi)

La cuve oblongue de la baignoire J-Sha Mi de Jacuzzi est ourlée de coussins qui, épousant son contour, invitent à profiter de son système balnéo, inspiré des massages Shiatsu : le bien-être ouvre une nouvelle dimension dans la salle de bains, qui s’évade vers l’Asie et le zen (design Carlo Urbinati).
1996 : Spherea (Fantini)

1997 : Twin Set et Acquagrande (Flaminia), Positano (Rapsel)

Dans l’esprit du style Memphis, Matteo Thun donne naissance à Positano pour Rapsel, une vasque totem en céramique qui met l’accent sur la combinaison de formes géométriques, comme dans un jeu d’équilibre aérien, empruntant autant sa silhouette gracile à la colonne antique qu’aux trophées sportifs.
1998 : Dumbo (Ritmonio), Chiocciola (Agape), Stark 2 (Duravit), Eurek Aria (Effegibi)

C’est à la coquille d’un gastéropode que se réfère la paroi sablée (en acrylique et non en verre) ainsi que le receveur Chiocciola (escargot, en italien). Cet ensemble promu par Agape transforme la douche en un cocon replié sur lui-même, dans un mouvement en spirale qui préserve l’intimité (design Benedini Associati).
Formes fluides et légèrement organiques, la collection Stark 2 de Duravit se veut « à la fois une suite, un perfectionnement et un complément de son célèbre prédécesseur Starck 1 », avec notamment un lavabo en demi-lune, qui existe aussi en version sur pied.
Ces lignes en arc de cercle, très en vogue à l’époque, on les retrouve jusque dans la revisite du traditionnel sauna par Effegibi, avec le modèle Eurek Aria, au niveau du sas d’entrée comme sur les tablettes des étagères extérieures.
1999 : Esempio (Cristina), I Fiumi Vasca Po (Boffi)

Ovoïde et à bords plats, la baignoire îlot Po de la collection I Fiumi de Boffi (les fleuves, en italien) est en Corian, matériau devenu courant dans la salle de bains (design Claudio Silvestrin). L’archétype du less is more !
2000 : Série 500 (Geberit), Foglio (Agape), Xtreme et Pluviae (Rapsel)

Rivalisant lui aussi de minceur, Xtreme de Rapsel troque le plastique pour du métal. Réalisé à partir d’une seule tôle d’acier inoxydable poli reflétant la lumière, ce lavabo frise l’invisibilité, le système d’évacuation étant dissimulé (design Peter Büchele). Chez le même fabricant, le rideau de douche, plus épuré que jamais, fait de la résistance, ne formant qu’un avec son ciel de pluie en colimaçon, avec pommeau en position centrale : Pluviae (design Matteo Thun).
2001 : Isy (Zucchetti), Tatami (Flaminia)

Sur le modèle des tatamis nippons, Ludovica et Roberto Palomba ont l’idée de composer, pour Flaminia, le receveur de douche à l’aide de modules de céramique combinables, comme des dalles. Antidérapante, leur texture façon paille de riz, masse également la voûte plantaire.
2002 : Shiva (Ritmonio), IlbagnoAlessi (Laufen), Cut (Boffi), Kaos (Kos), Mikado (Scirocco H)

Icône du design sans cesse réactualisée depuis son lancement, la collection IlBagnoAlessi de Laufen est signée Stefano Giovannoni. Monolithiques, la plupart des pièces de céramique ressemblent à des galets, leur surface étant comme lissée par le flux et le reflux l’eau. Suspendus, cuvette et bidet se distinguent par un volume tout en rondeur, à l’instar du lavabo totem. A l’inverse, à nulle autre semblable, la vasque à poser s’étire sur un côté, comme si la matière était encore liquide…
Minimaliste, Cut est une création acier inoxydable de Tiberio Cerato et Mario Tessarollo pour Boffi : dans un bandeau encastré, une commande unique émerge, à l’opposé du bec, droit et circulaire. Actionnable par simple appui du bras ou de la main, elle permet de régler le débit et la température.
Avec sa structure en acier inoxydable, la baignoire autoportante en méthacrylate Kaos de Kos ne manque pas de légèreté, en suspension : en guise de tablier, du vide, synonyme d’épure. Sous les rebords de la coque, des moteurs de balnéo, invisibles, peuvent être intégrés (design Palomba Serafini Associati).
Par la répétition de leurs croisements dans un mouvement qui semble aussi aléatoire que la chute des baguettes du jeu éponyme, les tubulures en acier du radiateur décoratif Mikado fournissent de nombreux point d’accroche, pour y glisser les serviettes. Mis sur le marché par Scirocco H, ce modèle insolite fait rimer de façon ludique décoration avec fonction (design Franca Lucarelli, Bruna Rapisarda).
Photos : © fabricants et Wikimedia Commons.

















