« Soit nous mettons un terme au Green Deal, soit nous allons vers la désindustrialisation. » Les spécialistes italiens de la céramique ont alerté Bruxelles par l’intermédiaire de Confindustria Ceramica, leur syndicat : « La concurrence des pays hors l’UE, allégés de toute contrainte environnementale, devient intenable. »
Energivore et difficile à décarboner, l’industrie céramique italienne ne nie pas son impact environnemental, mais souligne avoir investi 4,3 milliards d’euros au cours des dix dernières années pour le réduire. Dans un communiqué de presse daté du 2 décembre 2025, elle affirme que la politique climatique actuelle étouffe cette capacité d’investissement, notamment le système d’échange de quotas d’émission (SEQE), dont les coûts se sont envolés. D’autant que le prix du gaz « a plus que doublé » [1], à tel point qu’à lui seul il suffit à inciter à la décarbonation. Résultat : en une seule année, « les investissements dans le secteur ont chuté de 20 %, soit une baisse de 80 millions d’euros, correspondant aux montants du SEQE payés par les entreprises […]. »
Dans le cadre du Forum européen des politiques céramiques, qui rassemble des députés européens de différents États membres exposés aux défis de l’industrie céramique européenne, Confindustria Ceramica, accompagnée du président d’Émilie-Romagne, région où sont implantées la plupart des entreprises concernées – essentiellement des PME –, s’est rendu à la Commission européenne pour rencontrer le commissaire à la Cohésion et aux Réformes, Raffaele Fitto. Le message transmis : l’UE doit changer de cap, au risque « de voir la fermeture progressive d’usines européennes et la délocalisation de la production vers des pays qui ne sont pas soumis à des normes environnementales et sociales comparables. » Selon le syndicat, « sans mesures correctives immédiates, l’Europe finira par récompenser ceux qui polluent hors de ses frontières et par pénaliser ceux qui […] investissent véritablement dans l’environnement ». Tout en précisant qu’elle ne réclame aucun privilège, mais des règles justes et pragmatiques, « telles la bonne application des compensations existantes, la suspension des mécanismes de réduction des quotas alloués, un système véritablement efficace d’ajustement aux frontières (CBAM) pour protéger les produits sur les marchés d’Europe et d’ailleurs, et l’extension aux PME de mesures équivalentes. »
Et de donner des ordres de grandeur : alors que l’UE produit 6 % des émissions mondiales totales, elle a imposé une taxe carbone jusqu’à six fois supérieure à celles de toutes les autres régions du monde où le CO2 est tarifé. Si l’industrie européenne, qui n’est responsable que de 1,5 % des émissions, les éliminait complètement, l’effet sur le climat serait imperceptible, mais l’impact social serait, lui, « dévastateur ».
« Nous refusons que notre secteur industriel […] ne soit mis à l’arrêt en raison de choix environnementaux dictés par l’idéologie. »
Repères
♦ Confindustria Ceramica réunit 248 entreprises (céramique sanitaire, carrelage, briques, arts de la table…), qui emploient directement 26 000 personnes (40 000 en incluant la chaîne d’approvisionnement), et génère plus de 6,3 milliards d’euros d’exportations pour l’Italie.
[1] En comparaison d’il y a vingt ans, lors de l’introduction du système d’échange de quotas d’émission (SEQE).

















