L’article 11 de la Drinking Water Directive harmonise les exigences réglementaires de l’Union européenne concernant les produits en contact avec l’eau potable. Ainsi, dès janvier 2027, le plomb présent dans le laiton qui les compose sera limité à 0,2 %, tandis que nos fameuses ACS disparaîtront, remplacées par un unique certificat valable dans les 27 pays membres.
A partir du 1er janvier 2027, selon la Drinking Water Directive ou Directive Eau Potable, toutes les pièces de laiton en contact avec l’eau potable mises sur le marché européen devront être quasi exemptes de plomb [1], la limite étant fixée à 0,2 % (contre 2,5 à 3 % actuellement) et celle de la teneur de l’eau du robinet à 5 µg/litre. Des listes dites positives ont été établies par l’Europe, répertoriant les nuances – compositions – de laiton autorisées [2]. Les industriels des 27 pays de la Communauté européenne devront les respecter. Des audits et prélèvements de pièces finies sont prévus.
Qu’est-ce que ça change ? Parce que le plomb agit comme un lubrifiant interne, le laiton qui n’en contient pas ou peu est nettement moins tendre à la coupe. Le processus de fabrication est donc affecté au niveau de l’usinage (usure des outils, puissances des machines, cadences de production…), d’autant que les copeaux ne sont plus fragmentés (ci-dessus, à gauche), mais forment des rubans plus difficiles à évacuer (ci-dessus, à droite). Dans le cas où le laiton est coulé, le risque de défauts de moulage est augmenté, limitant la production de formes complexes ou précises. Néanmoins, du point de vue industriel, il n’y a pas de réelle complexité. D’ailleurs, les fabricants exportant aux Etats-Unis, dont la réglementation est en avance par rapport à la nôtre, sont déjà contraints de fournir des robinetteries avec des teneurs en plomb inférieures ou égales à 0,25 %, et ils le font très bien. En revanche, les prix des produits vont notablement augmenter, le coût de la matière première étant supérieur de 20 à 30 % et les temps d’usinage augmentés…
Mais cette nouvelle contrainte réglementaire a une conséquence positive : l’harmonisation européenne. Aujourd’hui, commercialiser un produit dans la Communauté nécessitait de répondre à autant de réglementations (dont les ACS en France) que de pays, chacun ayant retranscrit la directive à sa manière. A partir de 2027, une seule certification sera valable dans tous, les industriels pouvant fournir partout le même produit tout en évitant le fastidieux travail de certification pays par pays.
Précisons que, au-delà de cette Drinking Water Directive, il y a la réglementation Reach. Le plomb est actuellement dans la liste des substances SVHC ou « extrêmement préoccupantes », ce qui oblige chaque industriel à déclarer sa présence dans ses produits, dès lors qu’elle dépasse les 0,1 %. Mais l’Echa ou European chemicals agency a récemment recommandé de basculer le plomb dans la liste des substances soumises à autorisation [3]… C’est-à-dire que, dans un proche avenir, celui-ci pourrait être interdit y compris dans les composants qui ne sont pas en contact avec l’eau, croisillons et manettes par exemple (et tout autre produit contenant du plomb ou d’autres métaux lourds interdits).
Le plomb est-il dangereux ? Oui, mais cette dangerosité est limitée dans la robinetterie où il forme des petites billes – on parle de nodules – qui apparaissent en surface après l’usinage. Toutefois, parce que ces nodules sont éliminés par l’eau qui circule, au bout de quelques mois, on ne retrouve (quasiment) plus de plomb dans l’eau en sortie des robinetteries.
[1] Il s’agit des nouvelles gammes. Celles déjà lancées, qui disposent donc d’une ACS, pourront être fabriquées dans une nuance de laiton avec du plomb, jusqu’à l’extinction de l’ACS, qui est valable cinq ans.
[2] Annexe V de la Drinking Water Directive, page 55.
[3] Règlement Reach (CE) n°1907/2006 : restrictions sur les substances dangereuses.
[4] Recommandations de l’Echa ou European Chemicals Agency d’inscrire le plomb dans la liste des substances soumises à autorisation.
♦ Remerciements à Delabie, Graff et Horus pour le partage de leur expertise.