Installée dans le Vimeu depuis 1944, Valentin, PME familiale spécialiste du vidage, produit dans l’Hexagone la quasi totalité de ses gammes. Pour Arnaud Valentin, son PDG, lorsque le taux de service est l’objectif premier, fabriquer en France est une nécessité. Interview.
Sdbpro – En 2016, vous avez décidé de fermer votre usine tunisienne et de rapatrier toute votre production en France… Qu’est-ce que ça a changé ?
Arnaud Valentin – Dès que l’on produit ou achète loin, le premier aléa est le délai. Si l’on a l’ambition de bien servir ses clients – ce qui est mon cas –, il faut pouvoir réagir tout de suite, y compris en cas de dérive sur la production. Une solution consiste à augmenter ses stocks, mais on s’aperçoit vite que plus on stocke, moins le stock est adéquat. En revanche, fabriquer dans un lieu unique, là où l’on se trouve, est un avantage pour le taux de service. Parce que l’on peut réagir immédiatement, on évite la rupture, et la qualité est maîtrisée. Passer dans l’usine plusieurs fois par jour permet de discuter, de fluidifier, d’éviter les grains de sable…
Fabriquer en France plutôt qu’en Tunisie vous a-t-il coûté plus cher ?
Arnaud Valentin – Non. Parce que, finalement, quand la main d’œuvre est bon marché, on ne réfléchit plus, on la gaspille. Mettre deux personnes en plus, ce n’est pas grave… C’est pareil en ce qui concerne la qualité : on jette et on recommence. On se retrouve dans une logique où gaspiller n’est pas coûteux. La compétitivité, ce n’est pas produire là où la main d’œuvre est moins chère, car la part de la main-d’œuvre dans le produit est un élément parmi d’autres. Il y a la matière première, l’énergie…
Justement, qu’en est-il de l’énergie ?
Arnaud Valentin – C’est un aléa considérable… Notre facture a plus que doublé puisque nous sommes passés de 200 000 euros à 450 000 euros. Actuellement, nous payons à peu près 350 000 euros d’électricité par an. Après avoir travaillé sur l’éclairage, le chauffage…, nous sommes en train de changer nos presses, qui ne seront plus hydrauliques mais électriques, et consommeront 30 % de kWh en moins. Ce sont des investissements très importants.
La distribution et les installateurs sont-ils sensibles à l’argument du Made in France ?
Arnaud Valentin – Tout le monde l’est je pense. Il y a une attente, confrontée bien sûr à la réalité économique. L’écart de prix doit rester raisonnable, à mon avis inférieur à 5 %. Mais le premier critère de choix, c’est la pertinence du produit et sa capacité à améliorer le quotidien du plombier, qui a ses propres problèmes, notamment de recrutement : universalité, rapidité de pose, notices simplifiées au maximum, voire disparation des notices… Même estampillée Made in France, une gamme qui n’est pas à la hauteur ne se vendra pas. La légitimité d’un fabricant, c’est son expertise qui, concernant le vidage consiste à équiper tous les appareils sanitaires, à supprimer les tracas des installateurs, à garantir de bonnes performances sans entretien pour l’utilisateur, notamment les débits, tout en évitant les remontées d’odeurs.
Vous venez d’obtenir l’Origine France Garantie… Sur toutes vos gammes ?
Arnaud Valentin – Sur toutes nos gammes de vidage, oui, et ça n’a pas été facile. La provenance de la matière première est prise en compte et il se trouve qu’il n’y a pas de producteur de matière plastique en France. Nous avons finalement trouvé un fournisseur français de matière recyclée, qui récupère du polypropylène et de l’ABS – ce sont les plastiques que nous utilisons – et les retransforme pour les rendre aptes à l’injection : nettoyage, broyage, re-extrusion. Nous les recevons sous forme de granulés, à l’instar de la matière vierge. Donc désormais, tous nos vidages seront en matière plastique recyclée, dont 2 % proviennent de notre usine.
Ces plastiques issus du recyclage ne sont-ils pas plus chers ?
Arnaud Valentin – Ils le sont, mais nous devrions pouvoir absorber ce surcoût.
















