L’Ameublement Français a mené, en collaboration avec Stabbi’Lab et K.I.D.S, des enquêtes quantitatives et qualitatives ayant abouti à la création d’un cahier inspirationnel qui veut faciliter la création de meubles, d’aménagements et de services adaptés aux attentes des seniors. Voici la synthèse de la partie dédiée à la salle de bains.
Si la perte d’autonomie est un sujet de préoccupation pour 56 % des personnes de 60 ans et plus interrogées (et 60 % des femmes), ce n’est qu’à partir de 75 ans en moyenne que les Français considèrent qu’il faut commencer à se préoccuper de l’éventualité d’une situation de perte d’autonomie [1]. Néanmoins, parmi eux, 43 % indiquent avoir au moins une problématique liée à l’âge parfois ou régulièrement. 30% ont déjà effectué des aménagements, notamment les propriétaires, les locataires ayant anticipé/prévu plutôt un déménagement. Enfin, l’aménagement de la salle de bains est prioritaire pour les deux tiers, voir les trois quarts d’entre eux selon leur profil.
Trois profils de seniors face au maintien à domicile
L’étude distingue trois profils de seniors : les prévoyants, qui ont déjà effectué des aménagements (30 %), les sensibilisés, qui envisagent de les faire (30 %) et les statu quo – ils sont les plus nombreux (40 %) et disposent des revenus les plus faibles –, qui n’ont ni effectué ni envisagé d’aménagements pour bien vieillir à domicile.
→Les prévoyants : dans 72 % des cas, c’est la salle de bains qui a été concernée par les aménagements réalisés, la chambre venant ensuite (35 %). Parmi eux, 56 % ont remplacé la baignoire par une douche, 50 % ont aménagé la douche ou la baignoire et 35 % amélioré la luminosité. Ces travaux ont été réalisés pour les deux tiers des personnes il y a moins de 5 ans.
→Les sensibilisés : 65 % d’entre eux envisagent des aménagements dans leur salle de bains, pièce prioritaire, en particulier le remplacement de la baignoire par une douche (55 %), l’aménagement de la douche ou de la baignoire (4 9%) et l’ajout d’une assise (22 %), d’ici deux (20 %) à cinq ans (25%).
→Les statu quo : pour eux, c’est la salle de bains qui cristallise le plus d’aménagements à prévoir, dont le remplacement de la baignoire par une douche (16 %) ou l’aménagement de la douche ou de la baignoire (13 %) et l’ajout d’une assise (9 %). Néanmoins, 65 % d’entre eux n’envisagent aucun travaux dans la salle de bains.
Ce que veulent les seniors pour leur salle de bains
Les focus [2] menés pour comprendre et identifier les priorités des seniors en termes de mobilier et d’aménagement du domicile sont intéressants. Ils montrent qu’ils ont une expertise en tant qu’utilisateurs, mais aussi qu’ils sont mal informés, réinventant des produits qui existent déjà. Ils sont conscients que l’amélioration de l’ergonomie profite à tous et, s’ils sont plutôt très ouverts, ils rejettent systématiquement les « designs stigmatisants connotés médical. »
Des points d’appui fiables
S’agissant d’abord de circuler en toute sécurité, les seniors veulent des points d’appui dans toute la maison. C’est ainsi qu’ils suggèrent, avec bon sens, de réhabiliter le pied de lit dans la chambre, qui constitue un point d’appui au centre de la pièce, mais aussi de prévoir une barre de maintien derrière la porte des toilettes, devant le meuble-vasque…
Une baignoire adaptée plutôt qu’une douche mal conçue
La baignoire, diabolisée par les spécialistes de la douche, ne l’est pas par les seniors, parce qu’elle semble plus simple à adapter et parce que le bain est un moment de détente pour ceux souffrant de douleurs articulaires.
La douche doit être parfaite, au risque d’apparaître comme plus problématique que la baignoire. Mais c’est quoi une douche imparfaite ? C’est une douche avec un seuil et un sol glissant et difficile à nettoyer, équipée d’un robinet inaccessible pour un aidant (rôle que les seniors endossent parfois), sans système d’éclairage automatique, avec un siège rabattable dur à manipuler et qui semble peu stable ou trop petit… La semi cloison de douche, qui pourrait être à hauteur variable, a l’avantage de faciliter aussi la toilette d’un enfant ou d’un animal.
Dans la douche, on ne porte pas ses lunettes. A défaut de voir, disent les seniors, on peut sentir. Aussi suggèrent-ils de différencier tactilement les croisillons d’eau froide et d’eau chaude – en zappant le robinet thermostatique, qui résout ce problème –, mais aussi de proposer « des robinets plus gros, plus visibles, qui jouent sur plusieurs sens. »
La remarque sur l’utilisation de la douchette est intéressante, que les seniors souhaiteraient pouvoir actionner directement, à l’aide d’une gâchette – un peu comme la douchette hygiénique ou le tuyau d’arrosage –, sans passer par la robinetterie, pour éviter les contorsions dans la douche, qui sont souvent à l’origine des chutes, mais aussi pour aider l’aidant.
La place d’une assise dans la salle de bains
Les personnes âgées s’assoient sur la baignoire. Est-ce parce qu’elles ne disposent d’aucune assise dans leur pièce d’eau ? Oui ! Elles ne sont pas contre la planche de bain qui, repensée, pourrait ménager « une assise large et fixe à l’extérieur de la baignoire, avec des poignées intégrées de chaque côté pour faciliter la sortie de la baignoire. » Toute assise doit être stable et facile à manipuler, donc pas trop lourde. A ce titre, le siège Lapeyre, qui fait aussi office de rangement, leur paraît casse-gueule.
C’est parce que le mobilier est surdimensionné par rapport à la surface de nos salles de bains que la place manque non seulement pour une assise, mais pour simplement circuler. De plus, il faut prévoir le passage du fauteuil sous le lavabo, lequel devrait être réglable en hauteur.
A portée de main
Au point d’eau (comme dans la baignoire ou la douche…), les objets doivent être à portée de main. Cette exigence est à prendre en compte avec la nécessité de laisser le passage libre sous la vasque. Les seniors suggèrent des rangements escamotables – « pas de placard s’il faut se baisser » –, avec une ouverture push-up, des prises électriques avancées par rapport au mur (via le meuble), un éclairage suffisant…
Des toilettes sans rehausseur
Le rehausseur sur les toilettes, qu’il faut manipuler notamment pour le laver, c’est non ! Pour autant, la hauteur des WC n’est pas adaptée à leurs yeux et c’est pourquoi ils plébiscitent le WC à hauteur réglable, lavant de préférence et avec un bouton de chasse déporté pour être plus accessible. Prévoir un crochet pour tenir la cane, par exemple associé au dérouleur de papier, une poignée pour se relever, mais aussi un tabouret pour remonter les jambes et obtenir une position physiologiquement correcte. Oui, pour les cuvettes suspendues, mais si l’on a un problème, faut-il tout casser ?
[1] Etude nationale réalisée en juillet 2023 par L’Ameublement Français, Stabbi’ Lab et CSA auprès d’un échantillon national de 1 106 personnes âgées de 60 à 75 ans représentatif de la population, via un questionnaire auto-administré.
[2] Cahier inspirationnel obtenu avec l’aide de Stabbi’Lab et K.I.D.S (Knowledge Intensive Design Services), à partir de plusieurs focus, avec ou sans professionnels, pour capitaliser sur les idées des seniors. 27 personnes interrogées, âgées de 73 ans en moyenne, hommes (37%) ou femmes (63%) aux profils variés, aidants, propriétaires ou non, habitant une maison ou un appartement, quatre ergothérapeutes, trois designeurs et trois outsiders.
Illustrations : @Stabbi’ Lab, KIDS, Ameublement français.
Wc a hauteur réglable , les bonnes idées parfois arrivent trop tôt !!