Ah la baignoire en fonte ! On l’imagine toujours rétro et sur pieds, mais elle existe aussi en version encastrable. Fabriquée en France jusqu’en 2011, elle arrive désormais de Chine pour les deux tiers des volumes importés. Plus que la mondialisation, c’est l’acrylique qui l’a tuée : moins de 1 500 exemplaires ont été vendus en France en 2023.
Trois grands industriels ont longtemps régné sur le marché français de la baignoire en fonte : Porcher, Jacob Delafon et Roca. Seul ce dernier a maintenu une production en Europe, plus précisément en Espagne, à Alcalá de Henares.
L’acrylique l’a tuée…
C’est à partir de la fin des années 1970 que l’acrylique a débarqué sur le marché de la baignoire. Ses principaux atouts ? Souplesse de fabrication, légèreté et design. En 1977, à peu près 60 % des baignoires vendues étaient encore en fonte, contre 35 % en acier et 4 % en matériaux de synthèse (de l’acrylique pour l’essentiel et du polyester pour le haut de gamme).
Dix ans plus tard, en 1987, la fonte ne pesait plus que 18 % du marché et l’acier 60 %, se maintenant grâce à la construction neuve. L’acrylique progressait à grande vitesse, atteignant alors 22 % de parts de marché.
En 1996, sur un volume total d’environ 600 000 baignoires, la fonte a encore reculé, à 9 %, soit 54 000 pièces. Avec 48 % de parts de marché, l’acier tenait encore face aux matériaux de synthèse, donnés à 43 %, mais il sera rapidement balayé par les bas prix des modèles en acrylique.
Ainsi, au tournant des années 2000, les français Porcher et Jacob Delafon exportaient plus de baignoires en fonte qu’ils n’en vendaient sur leur propre marché. Porcher était installé à Revin, dans les Ardennes, où la fonderie et la céramique sanitaire étaient produites. L’ensemble a été acquis à partir de 1992 par le groupe American Standard, qui deviendra ensuite Ideal Standard. La fonderie, transférée en 2007 au sein d’une filiale baptisée Oxame, a fermé au début de l’année 2011.
Spécialisée dans la fonte émaillée depuis 1920, la fonderie de Jacob Delafon située à Noyon, dans les Hauts-de-France, fermera, elle, à la fin de l’année 2006, la production étant délocalisée dans une usine chinoise du groupe Kohler. De fait, selon Douane Française, c’est bien en 2007 que l’empire du Milieu apparaît parmi les fournisseurs de baignoires en fonte de la France.
Des baignoires en fonte venues de Chine et d’Espagne
Selon la même source, 1 960 baignoires en fonte ont été importées en France en 2023, 3 221 en 2022 et 7 979 en 2021. A noter, durant les mêmes années, les exportations se sont élevées à 547 (2023), 491 (2022) et 672 (2021), signalées pour indiquer que l’import n’est pas forcément le reflet de la consommation intérieure, les produits pouvant faire l’objet de transferts entre filiales d’un même groupe.
En 2022, c’est-à-dire avant le décrochage du logement neuf, l’acrylique était le matériau leader, composant près des deux tiers des baignoires vendues. L’acier était le deuxième, avec environ 20 % de parts de marché, et les matériaux de synthèse tels le solid surface, le béton de résine… les troisièmes, qui auraient compté pour moins de 10 %. La fonte, elle, n’atteignait pas 1 % des ventes…
La Chine est le premier pays fournisseur, avec Jacob Delafon, bien sûr, mais probablement pas seulement. L’Allemagne est le deuxième, avec sans doute de l’import lié aux sites marchands et aux places de marché. L’Espagne est le troisième pourvoyeur de notre marché, avec Roca, et l’Italie le quatrième avec des marques telles que Bleu Provence.