Nicoll, qui a déjà mis sur le marché plusieurs gammes et produits éco-conçus, reconnaît que le chemin vers un PVC vertueux est complexe. Mais la marque ne ménage pas ses efforts tout en intensifiant ses investissements dans ses trois usines françaises.
Nicoll, grand producteur de PVC, n’en fait pas mystère : « l’avenir du plastique passe par un plastique responsable », c’est-à-dire recyclable et recyclé. D’ailleurs, la marque propose déjà plusieurs produits éco-conçus : Hometech notamment, qui est un système d’évacuation (silencieux) en PVC bas carbone, fabriqué à partir de 15 % de charge minérale, de 20 % de matières plastiques recyclées (externe) et de 50 % de PVC bio-attribué grâce à l’utilisation d’éthylène issu, non pas de pétrole, mais de résidu de fabrication de pâte à papier ou d’extrait d’huile cuisson usagée.
Le casse-tête du recyclage du PVC
Nicoll, qui est un actionnaire historique de l’éco-organisme Valobat, veut accélérer la collecte et le recyclage du PVC. Mais le sujet est complexe. Car la réglementation européenne (Reach) interdit toute présence de plomb dans le PVC, quel que soit son usage (plomberie, menuiserie, électricité…). Problème : étant donné que celui mis sur le marché avant 2007 en contient, sa réutilisation est impossible. C’est pourquoi, afin de permettre le recyclage du matériau, les industriels ont demandé une dérogation à la commission européenne. Mais elle n’a pas encore été approuvée, et ne le sera peut-être pas.
A moyen terme, les industriels du PVC qui souhaitent s’inscrire dans « une boucle vertueuse sans faire appel au pétrole », selon Benoît Fabre, directeur général d’Aliaxis France, doivent donc trouver une solution pour extraire le plomb du PVC. « C’est là que nous mettons nos efforts […] parce que le PVC a d’énormes qualités. » Néanmoins, il n’est pas exclu qu’aucune technique n’émerge qui puisse être industrialisée, ce qui obligerait la marque à se tourner vers d’autre(s) matériau(x).
Des produits de vidage éco-conçus
En attendant, Nicoll intègre du plastique recyclé dans les produits qui ne sont pas en contact avec l’eau potable. Après Hometech, une autre gamme de produits de vidage, pour l’instant disponible uniquement chez Leroy Merlin, a été développée, avec, selon les références, jusqu’à 90 % de matières plastiques recyclées. Elle prend également en compte, dans le cadre de la démarche Positive Products du groupe Adeo auquel l’enseigne appartient, la nature des composants, les conditions de production, les consommations d’eau et d’énergie, les emballages, la durée de vie et la réparabilité.
Des investissements dans les usines françaises
Cette nouvelle gamme est fabriquée dans l’usine Nicoll de Frontonas (Isère), l’une des trois que compte le groupe Aliaxis en France. Plus de 23 millions d’euros vont y être injectés en 2023, qui s’ajoutent aux 16 millions déjà engagés en 2021 et 2022. Il s’agit, en plus de l’innovation produit, de mettre en œuvre des solutions d’automatisation des tâches à faible valeur ajoutée, de réorganisation industrielle, d’efficacité énergétique, de sécurisation des activités… Ces investissements vont en majorité bénéficier à l’usine de Cholet, la plus importante du groupe en Europe. Celle-ci emploie 600 personnes qui, sur ce site de 110 000 m² couverts, font tourner 16 lignes d’extrusion et 93 presses à injecter, et ont expédié 500 000 pièces par jour en 2021.
Repères
♦ Nicoll, créée en 1956, appartient au groupe belge Aliaxis depuis 2003, lequel développe trois activités : le bâtiment, les infrastructures, l’industrie. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros en 2021.
♦ Aliaxis France, qui intègre également Girpi et Aliaxis Utilities & Industry, est le troisième marché du groupe. Il pèse 10 % de ce chiffre d’affaires (dont plus de 300 millions, sans plus de précision, pour Nicoll). Il dispose de trois usines dans l’Hexagone – à Cholet (Maine-et-Loire), qui est aussi le siège social d’Aliaxis France, à Frontonas (Isère), à Harfleur (Seine-Maritime) – et d’une plateforme logistique à Mèze (Hérault). Aliaxis France emploie plus 1 300 personnes.