A l’occasion du colloque annuel Perspectives Meuble et Maison 2021 de l’Ipea, l’agence NellyRodi, spécialiste de la prospective appliquée aux industries et aux services, a dévoilé les quatre tendances qui, selon elle, vont définir les maisons et logements de l’après-Covid. Nous avons imaginé les salles de bains qui vont avec.
La crise sanitaire liée au Covid-19, qui perdure, a déjà transformé notre rapport à la maison, redevenue un centre de gravité. Contraints par la réalité, les consommateurs adaptent leur chez-eux au monde comme il va. Se protéger de l’extérieur, respecter l’environnement et toutes formes de vie, notamment animale, créer du lien, se régénérer, se protéger, exprimer sa singularité… sont autant d’envies et de préoccupations qui métamorphosent l’habitat.
Remettre la fonction au cœur de sa stratégie
Face aux crises sanitaires, environnementales, sociales, économiques, identitaires…, aux bouleversements technologiques – intelligence artificielle, perte de contrôle de ses données personnelles, télétravail… –, au vieillissement…, les consommateurs sont en quête d’un nouvel équilibre, dont leur maison est le reflet.
Dans ce contexte, l’agence NellyRodi suggère aux marques de s’adresser désormais non pas aux clients, mais aux citoyens qui sommeillent en eux, en cultivant la singularité (solidarité active, bienveillance, créativité…), l’agilité (inventivité, réactivité, services…), l’engagement (altruisme, sincérité, action, RSE), transparence (authenticité, citoyenneté, respect, proximité) et l’expérience (exemplarité, humanité, bénéfice, partage). Elle invite à remettre la fonction au cœur de la stratégie, à construire une offre par usages, lesquels seront ensuite déclinés en différents territoires esthétiques.
Les quatre grands courants de l’habitat de demain
L’agence a détecté quatre manières d’habiter qui sont autant de façons d’exprimer et d’intégrer ces différents enjeux.
1. La maison agile, parce que l’on veut être libre
La maison agile est celle qui s’adapte à nos modes de vie, qu’il s’agisse de contraintes d’espace, de familles recomposées, de nouveaux besoins… Permettant de se sentir sinon libre du moins libéré, elle répond à la question de l’optimisation de l’existant, grâce à la modularité et la flexibilité, celles de l’habitat (Bert, Studio Precth) ou du mobilier (Label Breed), évolutif, pliable ou empilable, mais aussi des nouvelles technologies, pour peu qu’elles soient faciles à manier, invisibles et simplifient réellement la vie : connexion de la maison à la voiture (Renault/Otodo), porte d’entrée ménageant un espace réfrigéré pour la dépose de panier de produit frais lorsqu’il n’y a personne à la maison (Smart Door de LG), réfrigérateur qui montre ce qu’il contient grâce à ses trois caméras (Family Hub de Samsung)… C’est aussi les locations avec options d’achat, l’habitat partagé, les meubles en location, la maison transportable… Photo : radiateur Ottolungo Bagno de Caleido, point d’eau Ottocento d’Agape.
Selon le cabinet NellyRodi, qui définit cet habitat au travers des mots solutionisme, modularité, adaptabilité et alternative, les opportunités industrielles se trouvent dans les fonctions ajoutées, les nouveaux usages (dedans et dehors), mais aussi la personnalisation et le sur-mesure.
La salle de bains agile pourrait, par exemple, être équipée d’un miroir connecté offrant une vue en pied pour accueillir un coach personnel virtuel (Mirror), d’une paroi de douche repliable pour agrandir l’espace disponible une fois celle-ci terminée (Stylesdebain). Le WC lavant est également le bienvenu dans la maison agile, parce qu’il combine deux fonctions essentielles, voire le bidet, ainsi que la baignoire-douche, les meubles multifonctionnels tels les radiateurs rangement (Acova et Burgbad) ou étagère ou encore assise (Tubes)…
2. La maison vertueuse, quand on s’engage
La maison vertueuse est habitée par des consommateurs engagés. Appartenant à toutes les générations, ils sont conscients de l’impact que leurs actes et achats ont sur la société, la santé, l’environnement, l’emploi… Ils sont ceux qui réparent, recherchent des produits durables, authentiques et faisant appel à de vrais savoir-faire… Cet habitat abrite des matériaux éco-responsables, par exemple le bois augmenté (Woodoo), de l’électroménager conçu pour durer (L’increvable), mais aussi des potagers d’intérieur (Ogarden), des pots de fleurs composteurs (Transfarmers)… Elle est aussi le lieu de la slow déco et de la réutilisation que, par exemple, Samsung met à profit en proposant de transformer ses cartons d’emballage en maison pour le chat…
Le cabinet NellyRodi parle de durabilité réinventée, d’inspiration naturelle, de résistance, de réparation et d’anti-obsolescence programmée, invitant les industriels à penser local, empreinte zéro et geste authentique. Photo : la Casa dei Gatti à Seccheto sur l’île d’Elbe, lumianires Catellani & Smith.
La salle de bains vertueuse favorise les économies d’eau (cartouche CH3, robinetterie thermostatique…), préchauffe l’eau de la douche grâce à un récupérateur de chaleur des eaux grises, voire la recycle pour permettre l’hydromassage ou des douches plus longues. Elle met en œuvre des matériaux recyclés tels les carreaux à base de déchets industriels (Grandy Workshop), les vasques en copeaux de bois (Woodio)…
3. La maison refuge, pour retrouver la sérénité
Havre de paix, cocon de bien-être, la maison refuge apaise, accueille, protège et permet de se ressourcer. Bienveillante, intergénérationnelle, elle met l’humain – et le vivant, donc les plantes et les animaux – en son cœur, facilite les interactions entre les individus tout en favorisant le maintien à domicile via l’accessibilité. Elle permet de se sentir serein, grâce à la reconquête du végétal et de tout ce qui revitalise, déstresse, relaxe, favorise les émotions…
Le cabinet NellyRodi qualifie la maison refuge avec des mots tels reconnexion humaine (donc déconnexion digitale), inclusivité (confort pour tous, accessibilité…), domotique, protection (contre les intempéries, les nuisances, la sécurité, la pollution…).
La salle de bains refuge est un cocon, qui fait appel au design universel, par exemple les WC et lavabo à hauteur réglable ou la douche à zéro ressaut. Elle met en œuvre des matériaux purificateurs d’air (plaques de plâtre, carrelage…) pour éliminer la pollution et favoriser le bien-être tout en stimulant les sens (chromothérapie, aromathérapie, musique…). Elle peut également accueillir des équipements permettant de faire du sport, de laver le chien, de changer le bébé… Photo : salle de bains Duravit, architecte Lens Bart, Watervliet, Belgique.
4. La maison inspirante, parce que l’on est unique
La maison inspirante reflète la personnalité de ses habitants et témoigne de leur créativité. Elle permet à chacun d’eux de se sentir unique et singulier, mais aussi influenceur, voire architecte d’intérieur. Partagée sur les réseaux sociaux, elle contribue au personal branding de ses propriétaires, mais aussi à l’image des marques des produits qu’elle abrite. C’est la maison des makers et du DIY, du home staging et autre relooking, mais aussi de la réalité virtuelle, des concepts stores, de la personnalisation des produits, de la co-création… Photo : hôtel Terminus Nord, robinetterie Axor.
Pour le cabinet NellyRodi, les mots et expressions associés à la maison inspirantes sont personnalisation, makers, tous décorateurs et lifestyle culture.
La salle de bains inspirante évite le standard et l’uniforme, recherchant le customisable que permet par exemple les configurateurs de produits en ligne (Masalledebain.com). On l’imagine aisément habillée de panoramiques en papier peint waterproof ou de carreaux 3D…
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