Quand un magazine enquête sur l’installation des douches pour seniors…

Dans son numéro 551 de septembre 2019, 60 millions de consommateurs a publié une enquête sur l’installation des douches pour seniors. Titrant « Des spécialistes qui n’en sont pas », le magazine conseille à ses lecteurs de ne pas s’engager trop rapidement. Toutefois, les artisans indépendants s’en sortent mieux que les enseignes spécialisées.

Alors que, selon 60 millions de consommateurs, « 22 millions de personnes auront 60 ans et plus » en 2050, le magazine publie une enquête réalisée en partenariat avec la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) sur le marché de la douche pour seniors. Et autant le dire tout de suite, « le bilan général n’est pas bon ». Le magazine juge les artisans « un peu expéditifs », parle de « professionnels qui passent à côté des problèmes » de ses « clients mystère », évoque des sociétés qui « ne veulent pas se compliquer la tâche », des « devis souvent imprécis »…

Servant de cautions techniques, un expert du bâtiment et une ergothérapeute avaient au préalable rendu visite aux cinq seniors « clients », dont l’un était en fauteuil roulant, le deuxième fragilisé par des problèmes de hanches non visibles, les trois derniers autonomes et actifs.

Tous dans le même sac !

Le magazine met en cause la qualité de la prescription réalisée par les « cinq enseignes spécialisées et deux artisans dont un labellisé Handibat », faisant l’amalgame entre des spécialistes proclamés (Easy Shower, Indépendance Royale, Viva Douche et SVA France), des artisans dont on ne sait comment ils ont été sélectionnés et un fabricant d’équipements sanitaires, Kinedo en l’occurrence, dont on se demande bien ce qu’il fait là, vu qu’il ne prescrit ni ne vend au grand public et que Kinemagic n’est pas une douche adaptée aux personnes en fauteuil roulant.

Quoi qu’il en soit, le magazine souligne le « manque d’attention portée aux besoins du client », l’absence d’engagement des enseignes concernant la hauteur de la marche à franchir pour accéder à la future douche, le déficit de connaissance sur la position des barres de maintien et de relevage…

Des devis flous n’indiquant qu’un prix total… élevé !

Quant aux devis fournis, ils ne compensent pas l’absence constatée de conseils, bien au contraire : le flou et le manque de précision sont généralisés. Pas d’indication concernant les références des produits prévus et le nombre d’heures de main-d’œuvre. Pas de mentions légales non plus (durée de validité de l’offre, délai d’exécution des travaux) ni d’attestation d’assurance… Bref, « les devis ne sont pas détaillés et des informations obligatoires manquent. »

Un besoin de formation et de rigueur

Au moment où la profession est en attente des modalités d’application du plan d’Action Logement visant à contribuer au maintien à domicile des personnes âgées à revenus modestes, cette enquête arrive à point, malgré ses défauts. Elle montre que, sur ce marché, la filière est, en termes de compétences, mieux placée que les spécialistes de la « silver économie ». Du moins si elle décide d’en finir avec les devis obscurs et incomplets, et continue de se former, via Handibat notamment. Quoi qu’en dise 60 millions de consommateurs, il ne manque pas grand chose : vérifier avant la pose la possibilité d’encastrer le siphon de la douche et la canalisation d’évacuation pour éviter ou limiter la hauteur d’accès à la douche (et expliquer à son client le comment du pourquoi) ; installer le siège escamotable et les barres de maintien et de relevage aux bons endroits ; considérer que les douches ou salles de bains destinées aux personnes en fauteuil roulant doivent faire l’objet de compétences particulières, donc d’une formation ad-hoc.