Orvif, négociant réputé sur la région Île-de-France pour son niveau de service, a récemment fermé ses deux boutiques parisiennes, acquises pour SEH en 2015 et pour Le Coq au Bain en 2016. Olivier Noël, directeur marketing et communication, tire pour nous les leçons de cette expérience du métier de bainiste.
Le métier de bainiste est-il différent du métier de grossiste ?
Olivier NoĂ«l – Oui, d’abord parce que les clients du bainiste ne sont pas ceux du grossiste. Les premiers sont des architectes et des particuliers, les seconds des plombiers chauffagistes. Ces deux types d’acheteurs ont des besoins très diffĂ©rents. L’installateur vient trouver chez Orvif les mĂŞmes produits pratiquement tous les jours. Il en connaĂ®t d’ailleurs les rĂ©fĂ©rences par cĹ“ur. Pour lui, ce qui importe d’abord, c’est leur disponibilitĂ©, car cette baignoire, ce WC…, il lui faut lĂ , maintenant, tout de suite. A l’inverse, le client du bainiste parle projet et cherche avant tout du conseil. Avec lui, on doit rĂ©aliser un important travail de prescription, afin de lui dĂ©nicher la cuvette compacte aux dimensions parfaitement ajustĂ©es, la plaque de commande coordonnĂ©e Ă son carrelage…
Il n’y a donc pas de synergie entre les deux mĂ©tiers ?
Olivier NoĂ«l – Non, ou très peu. Au dĂ©part on s’Ă©tait dit que le stock Orvif, qui est très consĂ©quent, allait servir Ă nos deux boutiques. Mais dans la pratique, ce n’est pas le cas. MĂŞme si les produits en stock permettent de rĂ©aliser de très jolies salles de bains, la boutique SEH ne s’y alimentait que très peu, parce que les clients d’un bainiste veulent autre chose, des produits dont la valeur ajoutĂ©e est beaucoup plus Ă©levĂ©e ou très diffĂ©renciante. Et non seulement ces produits ne sont pas stockĂ©s, mais leur approvisionnement est long, et demande un suivi Ă©troit. Cette notion de suivi est dĂ©terminante parce qu’elle est chronophage…
Le suivi des livraisons est plus chronophage que le conseil ?
Olivier NoĂ«l – La notion du temps long est vraiment spĂ©cifique au mĂ©tier de bainiste. En tant que grossiste, on cherche Ă faire en sorte que l’installateur s’attarde le moins possible dans les points de vente, parce qu’il faut lui faire gagner du temps. Chez Orvif, tout produit commandĂ© avant 11 heures est livrĂ© l’après-midi mĂŞme sur le chantier. MĂŞme si le particulier fait beaucoup de recherches sur Internet en amont de son projet de salle de bains et arrive Ă ĂŞtre plus prescripteur que l’installateur, il a tout de mĂŞme besoin de conseil, donc de temps. Les rendez-vous dans les boutiques sont très longs et se multiplient parfois, aboutissant Ă la rĂ©alisation d’un chiffrage qui peut encore ĂŞtre modifiĂ©, d’autant plus que les consommateurs vont sur Internet pour comparer les prix, et finissent pas n’acheter que quelques lignes du devis. Les prix sur le web sont tellement dĂ©calĂ©s qu’ils cassent la confiance que l’on arrive Ă Ă©tablir avec eux. La relation n’est pas sereine. On a beau mettre en avant le travail effectué… Pour sortir de cette logique, les nĂ©gociants tendent Ă proposer des MDD et les bainistes des marques diffĂ©renciantes.
Est-ce que vos clients installateurs ont pu profiter de votre activité de bainiste ?
Olivier NoĂ«l – Nous avons essayĂ© de les orienter vers ces outils que constituaient nos boutiques, afin qu’ils nous envoient leurs clients. Ils sont peu nombreux Ă avoir adhĂ©rĂ© Ă la dĂ©marche. C’est dommage, car en ce qui concerne les bainistes, le consommateur a largement le choix Ă Paris. L’installateur aussi d’ailleurs, Ă qui il suffit de tourner le coin de la rue pour pousser la porte d’une autre enseigne et obtenir les mĂŞmes produits Ă des prix qu’il peut nĂ©gocier Ă la baisse. Le niveau de concurrence est très Ă©levĂ©, ce qui nous oblige Ă ĂŞtre crĂ©atif et Ă respecter nos engagements. C’est pourquoi nous avons choisi de nous recentrer sur notre mĂ©tier de base, qui passe par le professionnel, le stock et les services.