Selon l’Observatoire de la qualité de la construction, les équipements sanitaires arrivent en tête de liste des désordres décennaux recensés dans les logements collectifs neufs [1]. Une progression récente, qui serait notamment liée à la mise en œuvre des douches à zéro ressaut.
Entre 1995 et 2003, dans les logements collectifs neufs, 1,6 % des désordres décennaux étaient liés aux équipements sanitaires, contre 7,2 % entre 2014 et 2023 et… 10,7 % entre 2021 et 2023. Une montée en flèche, qui les place en haut de la liste des sinistres collectés sur la base de données Sycodès, que l’Observatoire, par la voix d’Arnaud Bury, président de la commission C2P à l’Agence Qualité Construction, explique en grande partie « par l’installation croissante de douches à faible ressaut et receveurs extraplats […] ».
Plus précisément, 4,1 % des désordres ont trait à « la très faible garde d’eau des receveurs [qui] crée des débordements dès que des cheveux s’accumulent dans la bonde », tandis que 45,1 % relèvent de « la difficulté de raccordement du bac à douche aux parois verticales ». Quant au joint en silicone, qui n’est pas suffisant, mais devrait être associé à un « mastic sanitaire d’étanchéité du plombier et [à un] traitement d’étanchéité du mur », il concentre 24,2 % des sinistres liés aux équipements sanitaires. Autre constat, cette fois de la part de l’adjoint de direction au GIE Socabat, Christian Garcia : depuis trois ans apparaissent des pathologies dues à des fuites en sortie de réservoir des WC suspendus, ceux-ci n’étant pas maintenus correctement contre le support. Dans près des deux tiers des cas, les symptômes sont un défaut d’étanchéité à l’eau.
Notons que les réseaux d’eaux intérieurs au bâtiment, qui arrivent en quatrième position sur la période 2021-2023 – avec 7,7 % des désordres – sont à peu près stables depuis une dizaine d’années, ce qui fait dire à Catherine Labat, présidente de la commission Observation de la qualité de la construction et experte construction, que la substitution cuivre/multicouche n’a entraîné aucune baisse des sinistres.
Si l’on considère les coûts, les désordres liés aux revêtements de sol intérieur arrivent en tête (13,1 % et 11 000 euros de réparation en moyenne), ceux mettant en cause l’équipement sanitaire en deuxième position (7,7 % des coûts et 4 300 euros de réparation en moyenne). Néanmoins, ils ont fortement augmenté, d’autant que « la plupart du temps, quand une douche fuit, il faut tout refaire », constate Catherine Labat, le système d’étanchéité devant être continu entre le sol et les parois.
Dans la maison individuelle neuve, l’impact du zéro ressaut est moindre. Les désordres les plus fréquents concernent d’abord les revêtements de sol intérieur (11,4 %, dus essentiellement aux isolants sous chape, qui se tassent et occasionnent des fissurations), puis les couvertures en petits éléments (9,4 %) et, en troisième position seulement, les équipements sanitaires (7,5 %).
[1] Désordres décennaux signalés de 1995 à 2003 en France sur la base de données Sycodès, segmentés par catégories de construction : logements collectifs, maisons individuelles, locaux d’activités. En moyenne, 25 000 désordres sont répertoriés chaque année dans la base.
Photo : ©Sdbpro, douche à zéro ressaut, bâtiment Wood Up (Paris 13e) conçu par Lan Architecture et construit par Spie Batignolles Outarex pour REI Habitat.