A Milan 2024, la baignoire est duale, d’une part sculpturale et taillée dans le marbre ou la pierre, évoquant les modèles de l’Antiquité, d’autre part courte et haute, suggérant le légendaire rituel japonais.
Depuis que l’énergie est coûteuse et que l’eau se faire rare, le bain tend à devenir l’exception, l’hygiène quotidienne étant assurée dans la douche. Il n’est pas étonnant, dès lors, que la baignoire devienne un objet moins ordinaire, voire extraordinaire.
C’est le cas des baignoires en pierre apparues dans les catalogues des marques très haut de gamme. Extraordinaires, elles le sont bel et bien, sculptées à la main dans des blocs monolithes, qui sont parfois aussi du travertin (dont le beige est tendance) ou de la lave, mais plus souvent des marbres, que les veines et les différences de tonalités rendent uniques, de même que leur finition et éventuelles aspérités de surface (Agape, Antoniolupi, Iconci, Kreoo, Kohler, Rexa…). Photos ci-dessus, de haut en bas et de droite à gauche : Antoniolupi, Iconci, Rexa, Agape, Agape, Antoniolupi.
Moins extraordinaires dans leur forme et leur matière, mais éloquentes dans ce qu’elles suggèrent, les petites baignoires hautes étaient nombreuses à Milan (Inbani, Idea Group, Rexa, Sanycess, Omnires…). Atteignant aisément 70 cm de hauteur, plus souvent rectangulaires que rondes ou ovales, elles ressemblent furieusement aux baignoires sabot d’autrefois, dans lesquelles on s’immergeait assis, jusqu’aux épaules, d’autant qu’elles incluent souvent un siège moulé. Mais ce n’est pas à ces baquets bien de chez nous que se réfèrent les marques, qui préfèrent évoquer le Japon et son légendaire rituel du bain, dans un ofuro. Une manière efficace de suggérer détente et bien-être, repos du corps et de l’esprit, respect de soi et, au-delà, de l’environnement. Photos ci-contre, de haut en bas et de droite à gauche : Relax, Inbani, Idea Group, Sanycces.
S’agissant de l’environnement, si la question de la consommation d’eau des baignoires n’en est pas encore tout à fait une, elle le deviendra à coup sûr si celles-ci veulent perdurer dans les salles de bains. Avec Ledro, Victoria + Albert (House of Rohl) anticipe : une fois rempli, ce modèle étroit ne contient que 180 litres d’eau et 125 litres lorsque quelqu’un s’y assoit, soit l’équivalent de 15 minutes d’une douche économe en eau (8 litres/min). Photos ci-contre, de haut en bas : Victoria + Albert, Laufen, Duravit.
Côté design, l’extérieur des baignoires est de plus en plus souvent structuré – cannelé, strié… – et inspiré de l’architecture classique et des colonnes grecques (Inbani). Leurs rebords s’élargissent, permettant d’intégrer la robinetterie et de déposer des objets, tandis que leurs contours sont fréquemment biseautés (Duravit, Rexa…). La base des cuves est souvent en retrait, formant comme un socle qui apporte de la légèreté tout en facilitant la pose (Inbani, Ex.t, Sanycces…), mais est aussi l’occasion d’apporter de la couleur, voire d’intégrer un éclairage d’ambiance Led. Avec Lumex, Laufen propose plus qu’un simple halo périphérique avec des scénographies lumineuses complexes qui, ondulant sous le fond de la cuve, sont quasi envoûtantes.
Pour offrir du confort d’usage, les baignoires s’entourent de plus en plus d’accessoires : marchepieds, serviteurs verticaux, sellettes, tabourets, porte-serviettes… (Idea Group, Inbani, Kaldewei x E15, Roca.…). Certaines les intègrent carrément à la cuve (Relax) ou les associent à un dosseret accueillant la robinetterie ainsi que des plateaux de dépose pré-formés qui procèdent de la tendance observée précédemment au point d’eau (Duravit).