Depuis 2021, la douche fait une percée notable dans le jardin. Sur les salons, les robinetiers multiplient les propositions destinées à un usage outdoor. Ces modèles inventifs, qui prolongent leurs collections pour la salle de bains ou sont carrément disruptifs, répondent aux exigences d’un marché haut de gamme qui va crescendo, celui des beaux projets de plein air, dans le résidentiel comme le contract.
Post-pandémie, notre rapport au monde a changé : mu par l’envie et le besoin collectif de se reconnecter avec la nature, l’habitat s’ouvre davantage sur l’extérieur. L’on rêve d’une oasis d’eau et de verdure aménagée en espace de vie permanent ou saisonnier, selon la latitude. En ce sens, les terrasses dotées de spas et les piscines constituent une extension logique de la salle de bains… et de son marché, via le canal de la prescription. Photos ci-dessus : Axor Starck Nature Shower, Track d’Alpi, Stripe de Bongio.
Aux abords du bassin ou abritée dans une pool house de luxe, voire sur le pont d’un yacht, la douche incarne, au sens large, la migration du confort du dedans sur le terrain exigeant de l’outdoor. En quête de « symbiose avec l’environnement », la colonne Axor Starck Nature Shower (2022) se veut conforme à cette aspiration « qui s’accompagne d’un désir de produits bien conçus » (jet PowderRain inclus). Nombreux sont les robinetiers à s’inscrire désormais (et pour certains depuis longtemps) dans cette tendance de fond, et pas seulement les spécialistes du genre, à l’instar de l’italien Fontealta dont l’ensemble du catalogue est dédié, depuis une vingtaine d’années, à cette typologie de produits. L’offre existe, et n’a de cesse de s’étoffer en nombre et variété de modèles au design exclusif, ainsi qu’au niveau des finitions, notamment PVD.
Des variations climatiques…
De plus en plus présent dans la salle de bains, l’inox s’est imposé comme le matériau de prédilection en outdoor (Treemme, Cea Design…), l’AISI 316/L en particulier, dont la résistance à la corrosion a fait ses preuves (par exposition à un brouillard salin) dans le secteur naval et le sanitaire. Il a l’avantage de garantir la durabilité dans le temps, sur le plan fonctionnel et esthétique… Notons qu’a contrario, le laiton non traité en surface, appelé à se patiner, a ses adeptes (chez Tender Rain ou Gessi avec son effet Corten, pour un rendu unique).
La douche ne faisant pas que prendre ses quartiers d’été, quid de la maintenance de l’installation le reste de l’année ? Equipée d’une cartouche progressive, la bien-nommée colonne Mont Blanc de Bossini (2024) est de celles qui relèvent le défi climatique, affirmant ne pas redouter les grands froids. Conçue pour supporter des températures inférieures à 0 °C, elle peut, selon le fabricant, résister jusqu’à -20 °C sans que l’eau résiduelle piégée à l’intérieur ne gèle, ce qui évite de purger pour l’hivernage (et pare à l’amplitude thermique jour-nuit dans certaines régions). Automatique, un innovant système de chauffage électrique (de faible puissance) empêche automatiquement la formation de glace. En photo ci-dessus : Mont Blanc de Bossini, Private Welness Outdoor G2 de Gessi en finition Corten.
… à la variété des finitions
Le traitement PVD étant applicable directement sur l’inox, la personnalisation est également disponible en dehors de la maison, pour un effet démonstratif. Pour l’essentiel en freestanding, les douches de jardin seraient-elles, en quelque sorte, le pendant des baignoires îlot ? Néo-rétro, la colonne Le Grand Outdoor d’Alpi (2023) se décline par exemple en Or spécial PVD et en Gun métal brossé PVD. Longtemps cantonnée au flexible (rouge avec Santa d’Alpi, 2017 ; violet ou turquoise avec Camilla de Cea, 2010), la couleur habille le corps (plus ou moins large et tubulaire) de la colonne et/ou de la tête de douche. Incluant des tons neutres (sable, gris…), la palette s’élargit actuellement sans complexe, dans une explosion de teintes tendance : vert Agave (Origin de Gessi, 2022), Terracotta (Track d’Alpi, 2023), violet ou orange (Metal 316, Aquaelite, 2023)… Ces douches-là ne se contentent pas d’épouser discrètement le paysage ! En photo ci-dessus : douche d’extérieur Liquid de VitrA.
En colonne, mais pas en ordre serré
Les douches outdoor faisant partie d’une collection, elles en reprennent avec application les codes distinctifs (têtes de spots guillochées chez Gessi, design reconnaissable entre mille chez VitrA avec Liquid (2022) et ses manettes coniques, ci-dessus), mais l’imagination porte certains industriels vers des voies nouvelles. Avec Hook (2018), CEA a conçu un tube permettant tout à la fois de suspendre son vélo au mur, et de le/se laver en retour de virée… Détournant le tube d’arrosage (qui n’est jamais que le cousin du flexible), des modèles s’affranchissent de l’ancrage au sol. A plugger à l’arrivée d’eau, une douche tubulaire se fait nomade, marchant sur deux pattes et relevant la tête pour cracher de l’eau et distiller de la bonne humeur (Stecco de Fima, 2024). D’une construction voisine, un guéridon tripode fait office de serviteur, un flexible connecté à une douchette à placer à bonne hauteur au bout de son long cou (Spotlight de Bongio, 2024) tandis qu’une douche minimaliste fait de la balançoire au plafond, suspendue par des sangles en nylon (Stripe de Bongio, 2024). Suivant l’adage qui veut que ce « qui peut le plus, peut le moins », leur créativité débridée pourrait bien être adoptée dans la salle de bains et inspirer de nouveaux usages, de nouvelles formes… Photos ci-dessus : Hook de Cea Desing, Stecco de Fima, Spotlight-de Bongio.