L’import de céramique sanitaire en France a évolué entre 2021 et 2023. Chine et Turquie se retrouvent au coude à coude, tandis que les pays européens qui fournissent traditionnellement l’Hexagone reculent fortement. Mais que s’est-il donc passé ?
Mesurées par la douane française à 310 millions d’euros en 2023, les importations de céramique sanitaire ont reculé de -1,1 % en valeur par rapport à 2022 (314 millions d’euros) et de -2,5 % par rapport à 2021 (318 millions d’euros). En poids – la douane ne parle pas de volume mais de masse – le recul est de -7% vs 2022 et de -22 % vs 2021. Ce qui donne une idée du niveau d’inflation subi.
En valeur, les importations venues de Chine (dont une bonne part concerne la distribution et ses MDD) et de Turquie (Godart, VitrA…) refluent plus que l’import global, de -18/-14 % vs 2022/2021 pour la première et de -11 %/stables vs 2022/2021 pour la seconde. Il en résulte que les deux plus gros pourvoyeurs de céramique sanitaire en France ont perdu des parts de marché. Mais ils ne sont pas les seuls. Les traditionnels fournisseurs de l’Union Européenne ont également cédé du terrain, au premier rang desquels l’Allemagne (-43 % par rapport à 2021 et -20 % par rapport à 2022), ainsi que l’Italie (-35 % vs 2021 et -15 % vs 2022) et, dans une moindre mesure, l’Espagne (-9 % vs 2021 et -18 % vs 2022).
Que s’est-il passé ? Les industriels ont réorganisé leur production, opérant des transferts entre les usines. En premier lieu, certains ont dû abandonner leur usine en Russie – par exemple Roca –, ce qui a entraîné une première restructuration des flux de produits, afin de compenser le manque. Mais, au-delà de la baisse de leurs ventes en 2023, évaluée à -6 % en valeur selon l’Afisb, c’est surtout la flambée des prix du gaz qui explique le recul important des importations venues d’Allemagne, troisième fournisseur de la France en 2021 et septième en 2023, mais aussi d’Italie qui, du cinquième rang est passé au huitième, et d’Espagne, relégué du huitième au dixième.
En 2023, les gagnants sont les pays où le prix du gaz était le plus compétitif : c’est le cas de l’Egypte (Duravit, Ideal Standard, Roca…), qui multiplie quasiment par trois la valeur de ses importations en France. Mais aussi des USA qui, selon les chiffres de la douane, passent de presque rien en 2021 à 22,5 millions en 2023, réalisant plus de 7 % de l’import global tout en affichant un rapport valeur/masse hors norme (à tel point qu’il pourrait faire penser à une anomalie…). Le Maroc (Jacob Delafon, Roca…), devenu le troisième fournisseur, gagne un rang, mais recule en valeur entre 2021 et 2023, de -13 %. Les flux venus des pays de l’Est sont à peu près stables, ce qui suggère que ceux-ci ne subissent que la baisse des volumes liée à celle du marché.
Les deux premiers mois de l’année 2024 laissent apparaître, par rapport à la même période en 2023, une baisse des importations de plus de -12 %. Les pays fournisseurs se classent à peu près pareil, si ce n’est que la Turquie devance la Chine et que les USA, avec une valeur quasi nulle, cèdent leur place à l’Allemagne.
A noter, les produits sanitaires étant des produits finis qui ne subissent aucune transformation après cuisson, les mouvements de transit ne sont pas enregistrés pour ceux importés par un Etat membre depuis un pays n’appartenant pas à l’UE. Autrement dit, même si le produit a transité dans un Etat membre de l’UE, par exemple sur une plateforme de stockage située dans le pays de la maison-mère, le pays de fabrication reste le pays fournisseur.