Pépite de la french tech et pionnier de la balance connectée, Withings vient d’officialiser la commercialisation du U-Scan, mini laboratoire qui analyse l’urine depuis la cuvette des toilettes. Une étape significative dans le développement, désormais concret, du marché de la santé prédictive à domicile, où les acteurs se pressent.
L’enjeu de ces objets connectés transformant littéralement les toilettes en cabinets médicaux ? Permettre à chacun de devenir acteur de sa propre santé. Grâce à eux, nous sommes informés et capables de réagir avant même de devoir consulter un médecin. Un autre outil du bien vieillir chez soi en évitant de tomber malade, voire du maintien à domicile des personnes âgées… Au-delà, ces montres, bagues, balances et, désormais, laboratoires d’analyses associés à la cuvette WC, peuvent améliorer la qualité des données médicales, analysées par IA, détecter et contrer certaines maladies en amont… sans même avoir à sortir.
U-Scan de Withings : l’analyse d’urine aux toilettes est déjà disponible, y compris en France !
Spécialiste des solutions de surveillance de la santé, du sommeil et de l’activité physique au travers de ses objets connectés (montres, balances…), Withings fait désormais parler les cuvettes WC, en temps réel. Présenté au CES de Las Vegas en 2023 (et lauréat du prix de l’innovation), U-Scan a achevé son développement, passant du stade de prototype (projet lancé en 2018) à celui de produit, qui n’a rien d’un gadget. Son lancement, aux Etats-Unis comme en Europe, acte au contraire une révolution de fond, qui confirme le rôle central de la salle de bains dans la santé prédictive. Pour Eric Carreel, fondateur et président de Withings, « l’histoire de U-Scan a commencé par une intuition simple : l’urine offre une fenêtre précise et complète sur notre santé. Le défi était de transformer cette intuition en un laboratoire si compact qu’il puisse s’intégrer directement dans les toilettes, sans modifier les habitudes de quiconque… » Sans effort, geste technique, contact ou déplacement, U-Scan propose d’exploiter au quotidien cette source de données dont la richesse de prédiction était ignorée, voire gaspillée. Arguant que « l‘avenir de la santé ne réside pas dans la collecte de plus de données, mais dans la compréhension de la symphonie biologique qui les sous-tend – et ce, de manière naturelle, dans la vie réelle », 3 000 composés organiques sont analysés, reflétant la nutrition, l’hydratation, l’équilibre hormonal et le métabolisme.
Conçu et développé dans l’Hexagone (12 fois primé et protégé par 32 familles de brevets), cet assistant santé 24/7 est un concentré de chimie avancée, d’optique et d’intelligence artificielle. Quelques gouttes suffisent à garantir un échantillon représentatif. Placée dans la cuvette, l’objet (un galet dont le dos nervuré, tel un coquillage, guide la collecte de l’urine) combine un lecteur intelligent, entièrement automatisé (et auto-nettoyant), à des cartouches interchangeables, à remplacer tous les trois mois. La cartouche U-Scan Nutrio est ainsi destinée au suivi de la nutrition avec quatre biomarqueurs clés : pH et concentration de l’urine, cétones et vitamine C. Le suivi avancé de la santé rénale est assuré par la cartouche U-Scan Calci, qui mesure les niveaux de calcium, indicatifs de la formation de calculs, ainsi que le pH et la concentration urinaire. Incluant l’accès à l’appli Withings+, plusieurs formules d’abonnement existent (pack à partir de 349,95 euros à l’achat), la fréquence des analyses (deux à quatre par semaine) déterminant le nombre de cartouches nécessaires (99,95 euro le renouvellement pour une durée estimée de trois mois).
Dekoda de Kolher Health : une IA décode les signaux du corps via l’urine et les selles
Coiffant au poteau de quelques jours le U-Scan de Withings, Dekoda, lancé également en octobre mais uniquement aux Etats-Unis, est le premier produit de Kohler Health, qui considère aussi la salle de bains comme « un centre inexploité de données et d’informations vitales sur la santé. Chaque jour, nous jetons à la poubelle des informations qui pourraient nous aider à mieux comprendre notre corps et notre bien-être. » Point d’analyse chimique ici, mais une IA scrutant en détail les selles et l’urine. Fixé sur le flanc de la cuvette, le boîtier Dekoda, doté de capteurs optiques couplés à des algorithmes d’apprentissage, fournit des données personnelles sur l’hydratation, la santé intestinale, détectant la présence de sang. Transmises à l’application Kohler Health et accessibles à leur seul utilisateur, leur confidentialité est garantie par une authentification par empreinte digitale et un cryptage. Dekoda, qui vaut 599 dollars, requiert un abonnement (à partir de 70 dollars par an).
Flight Scan de Toto : mettre en place une routine saine de « Daily Wellness »
Sorti en août 2025 au Japon, le Neorest LS-W/AS-W est le premier Washlet de Toto incluant la fonctionnalité « Flight Scan ». Pour cela, le spécialiste du WC lavant a ajouté un scanneur de selles (et travaille sur de futurs modèles incluant l’analyse de l’urine), qui peut traiter celles de six personnes (authentification nécessaire). Intégré discrètement à côté de la sortie de la douchette de lavage, sa mission est de répertorier les étrons : forme, dureté (selon les sept types normés par l’échelle de Bristol), couleur, quantité (trois catégories, de moins de 100 g à plus de 300 g), durée de la chute dans la cuvette… Au quotidien, l’appli Toto Wellness décrypte ces informations qui s’affichent sous forme de graphiques (hebdomadaires, mensuels) assortis de recommandations pour « soutenir les habitudes de santé des utilisateurs », de l’activité physique à la composition des repas… Le fabricant nippon précise toutefois que les données fournies « ne sont pas destinées à des conseils médicaux, un diagnostic, un traitement ou une prévention ».
Throne One de Throne : l’urine et les selles traduites en un score
Actuellement en pré-commande (au prix de 319,99 dollars incluant une remise temporaire de -20 %), la commercialisation Throne One aux Etats-Unis est annoncée pour janvier 2026. Ce dispositif prend la forme d’un boîtier résistant aux projections mais pas à l’immersion, qui se clipse sur le bord de la cuvette, laquelle doit être blanche pour assurer le bon fonctionnement de la caméra embarquée, couplée à l’IA. Dans les FAQ, le fabricant rassure : l’objectif de son « appareil est orienté directement vers le bas ; il ne capture donc que les données relatives à [la] santé intestinale, et aucune donnée plus intime. » Moyennant un abonnement de quelques dollars par mois, la startup Throne [1] promet d’analyser en permanence les selles (régularité, couleur, diamètre, flottabililté…) et l’urine (nombre de mictions diurnes et nocturnes, volume vidangé, hydratation ou encore débit, qui est un biomarqueur de la santé de la prostate…). Via une appli, ces données sont traduites en un score et des tendances qui invitent chaque utilisateur (que l’IA serait capable de reconnaître) à ajuster son mode de vie en fonction des micro-changements détectés, liés par exemple aux nutriments absorbés.
Heart Seat de Casana : prendre la tension et écouter le cœur
Avec son Heart Seat – dont l’invention par Nicholas Conn, ancien chercheur au Rochester Institute of Technology (RIT), remonte à février 2014 –, la société américaine Casana [2] entend « rendre les soins à domicile aussi simple que de s’asseoir. » Elle ne s’intéresse pas à ce qui sort du corps, se focalisant sur ce qui se passe à l’intérieur : l’abattant Heart Seat surveille la santé cardiaque grâce à trois capteurs intégrés à la lunette. Ce dispositif médical, qui a obtenu en 2023 ses premières autorisations de la FDA, est officiellement reconnu comme un instrument de contrôle de la fréquence cardiaque et de la saturation en oxygène. Mais sa mise sur le marché est retardée par l’attente d’un ultime feu vert concernant la mesure non invasive, c’est à-dire sans brassard, de la pression artérielle. Les données collectées à chaque utilisation du siège sont automatiquement téléchargées sur le cloud Casana, où elles pourront être consultées par le professionnel de santé.
[1] Deux ans après sa fondation, la start-up Throne a effectué une seule levée de fonds de 4 millions de dollars auprès de sociétés de capital-risque, l’ancien sportif Lance Amstrong ayant contribué à ce tour de table, en mai 2025 (Source : Tracxn). [2]Financement : 56,2 millions de dollars, en trois levées de fonds entre 2020 et 2022. Bemis Manufacturing figure parmi ses investisseurs (Source : Tracxn).
Claudine Penou
Claudine Penou, journaliste professionnelle, travaille depuis plus de 20 ans en presse écrite (professionnelle et grand public), développant en parallèle des activités dans l’édition et la communication.... [...]