Les siphons et caniveaux équipent les sols de douche maçonnés et carrelés, qui pourraient connaître un fort développement dans le cadre de l’obligation de la douche à zéro ressaut dans tous les logements neufs dès le mois de juillet 2021.
Les caniveaux de douche et siphons de sol sont encadrés par la norme européenne NF EN 1253-1 datée de 2015 (avaloirs et siphons pour bâtiment – partie 1). Cette norme ne concerne que les modèles dont la garde d’eau mesure au moins 50 mm de hauteur, obligatoire en construction neuve. Mais elle devrait être prochainement complétée, afin d’intégrer les systèmes de plus faible hauteur, donc avec une garde d’eau inférieure ou remplacée par un dispositif mécanique (membrane, clapet aimanté ou à billes…).
1. Le type d’évacuation : siphon ou caniveau ?
Si les siphons ne diffèrent que par les dimensions de leur grille et leur design, il existe une grande variété de caniveaux – d’angle ou central, circulaire ou en triangle (photo ci-dessus : ESS Easy Drain), long ou court, façon rigole… –, qui demandent plus ou moins d’habilité de la part du poseur pour la mise en œuvre du carrelage. Certains caniveaux recueillent l’eau sur toute leur longueur, la cuve étant inclinée pour conduire au siphon, d’autres n’ont qu’une cuve de taille réduite et c’est la grille qui, dans ce cas, est en pente. Ces derniers facilitent la rénovation, l’encastrement étant plus aisé avec ces modèles. Parce que la bonde siphoïde est moins onéreuse que le caniveau, elle est souvent préférée, même si elle demande plus de savoir-faire qu’un caniveau dans la mise en œuvre de la forme de pente. Mais ce dernier a l’avantage d’un aspect final plus contemporain et permet, chez certains fabricants, un ajustement en longueur (Dallmer…) ou une juxtaposition (Viega).
2. Le débit d’évacuation : à majorer en cas de zéro ressaut
Les débits d’évacuation des siphons de sol et caniveaux annoncés par les fabricants sont théoriques et ne peuvent être obtenus dans la réalité. En effet, ils sont mesurés avec une hauteur d’eau de 20 mm au dessus de la grille, laquelle est absente lors du test… Si le débit d’évacuation réel doit être au moins égal à celui de la robinetterie – quoi qu’elle alimente : douchette à main, douche de tête, voire douchettes latérales –, il est recommandé de le majorer de 50 %, afin de compenser l’absence de hauteur d’eau et l’éventuel bouchon formé par l’accumulation de cheveux et autres résidus savonneux entre deux nettoyages.
3. La garde d’eau : à adapter selon les chantiers
La garde d’eau doit être de 50 mm dans la construction neuve et détermine la hauteur d’encastrement du siphon de la bonde ou du caniveau. Si on peut la réduire en rénovation, tout dépend du contexte : dans les résidences à usage intermittent, en particulier les résidences secondaires, il est préférable d’éviter les gardes d’eau de hauteur réduite, qui s’évaporent plus rapidement. On peut opter pour un siphon ou caniveau dont la garde d’eau est remplacée par un système mécanique (clapet aimanté chez Nicoll, par exemple, ou membrane silicone chez Wirquin ou ESS Easy Drain. On peut aussi, signale Limatec, spécialiste du sur-mesure, choisir un système sans garde d’eau et déporter le siphon sur la canalisation. Il ne faut pas perdre de vue que le débit d’évacuation diminue en même temps que la hauteur de la garde d’eau, tandis que les risques de désiphonnage augmentent. A vérifier donc.
4. La hauteur d’encastrement : elle fixe le décaissement ou la surélévation
La hauteur d’encastrement correspond à l’encombrement du siphon et varie selon celle de la garde d’eau. S’il existe des siphons et caniveaux qui combinent une hauteur minimale de 60 mm et une garde d’eau de 50 mm, notamment chez ESS Easy Drain, on peut également, pour limiter la hauteur d’encastrement, faire appel à des produits dits secs (voir ci-dessus). Cette hauteur d’encastrement détermine celle du décaissement (rénovation), de la réservation dans la chape (neuf) ou de la marche à franchir lorsque le receveur est surélevé. Toutefois, que l’on encastre ou que l’on surélève, la hauteur finale dépend aussi de la longueur de la canalisation jusqu’à la colonne de chute (pente de 1 cm/m au minimum) et de la position de la culotte sur la colonne. Dans certains cas, la mise en place d’une pompe peut être nécessaire pour assurer une bonne évacuation de l’eau.
5. Le matériau : inox ou plastique
Le matériau de la cuve comme de la grille (ou couverture) peut être en inox ou en plastique, PVC ou ABS notamment. L’inox, 304 ou 316 (plus résistant aux acides, adapté aux spas, piscines…), est réputé hygiénique, durable, inaltérable, et moins sensible aux variations de température (dilatation). Le métal est recommandé pour la grille, beaucoup plus sollicitée que la cuve du siphon, qui est scellée dans la chape (à moins que celle-ci ne travaille !).
6. Les grilles ou couvertures : carrelées, lumineuses, verrouillables…
S’agissant d’un siphon, préférez une grille carrée de 15 x 15 plutôt que de 10 x 10 cm, afin qu’elle ne soit pas obturée par le pied de l’utilisateur. Pour des raisons de sécurité, assurez-vous que les ouvertures ne sont pas supérieures à 8 mm. Carrelée, la grille du siphon ou du caniveau disparaît au regard, mais il existe aussi des grilles en verre ou en métal affichant des graphismes originaux, d’autres lumineuses (Aco, Easy Drain, Nicoll…) ou, pratiques dans les lieux publics, des grilles verrouillables (Limatec…).
7. L’étanchéité : obligatoire !
Attention ! Jamais de siphonnette dans la douche, où la reprise d’étanchéité sur le corps du siphon est obligatoire : le système mis en œuvre – natte ou SEL (système d’étanchéité liquide) – doit recouvrir la platine du siphon ou du caniveau. Celle-ci est différente selon les produits : certains fabricants proposent une petite platine en inox ou en plastique de 30 mm et la prolongent par une membrane souple (natte), mise bien à plat, que l’on vient coller, brider, clipser… dessus et non dessous (Viega, Dallmer…). D’autres fournissent une platine assez longue pour éviter la membrane souple (Limatec par exemple) ou bien une membrane souple fixée en usine (ESS Easy Drain, Geberit, Wirquin…). Dans tous les cas, cette membrane ou platine doit être prise en sandwich dans le système d’étanchéité du sol de la douche, tout autour du caniveau ou de la bonde, quelle qu’il soit (natte ou SEL), puis recouverte. L’eau ne doit pas pouvoir s’infiltrer dessous.
8. Les réglages possibles : ils facilitent la pose
Lorsque les pieds sont réglables, la planéité est réalisée sans cales, permettant un travail plus rapide et sûr, notamment si un carreleur doit intervenir ou si le caniveau est long. Toutefois, tous les fabricants n’y voient pas un véritable intérêt, notamment parce que certains installateurs se servent de mortier. Le calage du cadre permet de rattraper les erreurs après le montage, une fois la chape coulée et le caniveau encastré.
9. Le nettoyage et passage du furet : indispensables !
Il s’agit, en facilitant l’accessibilité et le nettoyage, d’assurer le débit d’évacuation dans le temps. Il ne faut pas perdre de vue que l’ensemble étant encastré, le risque de colmatage n’est pas à exclure en cas d’impossibilité de faire passer un furet.
10. Les autres options techniques : à connaître
D’autres options peuvent être proposées par les fabricants, en particulier par les spécialistes : kit acoustique, dispositif coupe-feu, manchette d’adaptation inox/PVC, pattes de scellement, mise à la terre…